
L’autopsie a été réalisée ce 3 décembre à l’hôpital central de Yaoundé à l’absence des avocats et des membres de la famille du disparu. Les avocats dénoncent une enquête « politique » qui consiste à couvrir ce qu’ils considèrent comme les « vrais auteurs » de la mort précipitée de l’homme politique désormais considéré comme un nationaliste compte tenu des circonstances de son décès.
L’enquête ouverte depuis le 1er décembre dernier pour clarifier les circonstances du décès en détention au Secrétariat d’État à la Défense chargé de la gendarmerie de Georges Anicet Ekane, le président du Manidem suscite déjà les doutes de la part des avocats de la victime et certains membres de sa famille. L’homme politique qui souffrait a été maintenu en détention au Centre médical de la gendarmerie nationale.
Me Hyppolite Meli, l’un des avocats d’Anicet Ekane dénonce une enquête « politique » et réclame plutôt une enquête judiciaire. La première curiosité que relèvent les avocats d’Anicet Ekane est le fait que l’autopsie a été réalisée le 3 décembre dernier à l’hôpital Central de Yaoundé, où le corps de l’homme politique a été gardé depuis son décès dans les circonstances encore non élucidées. Cette autopsie a été faite en présence du Commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé. Cet exercice médical a été fixé d’abord pour être réalisé le 2 décembre. Les avocats d’Anicet Ekane et les membres de sa famille ont saisi le commissaire du gouvernement pour solliciter un report. En sollicitant un report, la famille d’Anicet Ekane souhaitait se faire représenter pendant l’autopsie par deux autres médecins légistes désignés par les proches du disparu, afin de donner les suites juridiques et judiciaires appropriées à cette opération. Malgré la demande de report de la famille d’Anicet Ekane, le commissaire du gouvernement a fixé une deuxième date, à savoir : celle du 3 décembre 2025.
Me Emmanuel Simh, avocat d’Anicet Ekane parle d’une profanation de corps : « Le corps d’Anicet Ekane appartient à sa famille. Il n’est pas normal qu’au moment où la famille demande à ce qu’on puisse leur donner du temps pour désigner les médecins légistes, que pendant ce temps le Commissaire du gouvernement s’empresse à aller faire l’autopsie. Nous ne voulons pas que le corps d’Anicet Ekane soit profané. Cette attitude constitue une atteinte grave à la mémoire de notre client », affirme Me Emmanuel Simh. Les avocats ne cachent pas leur surprise de constater que ceux qui sont en train de mener l’enquête autour des circonstances du décès d’Anicet Ekane, sont les personnes soupçonnées d’avoir précipité son décès, en procédant en son interpellation dans les conditions illégales, à sa mise en détention et en le privant de son extracteur d’oxygène. Ces personnes sont constituées en majorité des éléments de la gendarmerie nationale. Plusieurs organisations internationales ont réagi après l’annonce du décès de l’homme politique pour exiger une enquête indépendante. Les avocats craignent que l’enquête sur le décès d’Anicet Ekane puisse connaitre le sort des autres enquêtes annoncées à l’instar de celle de l’assassinat du journaliste Samuel Wazizi ou celle concernant les tortures infligées à l’artiste Longue Longue par les éléments de la Sécurité militaire.
En plus de cela, ces avocats maintiennent que pour eux, faire la lumière sur le décès d’Anicet Ekane commence enquête sur les circonstances de son interpellation, sa déportation à Yaoundé, sa garde à vue « illégale » à la gendarmerie ainsi que ses conditions de détention. C’est depuis le 24 octobre dernier qu’Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, deux leaders de l’Union pour le Changement (Upc) ont été « enlevés » à Douala par les hommes habillés en tenue civil avant leur déportation à Yaoundé. Anicet Ekane, Djeukam Tchameni et le Pr. Jean Calvin Aba Oyono ont été interpellés dans le cadre de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier. Ces leaders ont soutenu la candidature d’Issa Tchiroma Bakary lors de cette élection.





