
Témoin de l’accusation, le commissaire divisionnaire James Elong Lobe, qui a occupé pendant près de neuf ans le poste de Directeur des opérations à la Direction générale de la recherche extérieure a répondu aux questions sur les procédures, la chaîne de commandement, les règles éthiques qui encadrent le fonctionnement de cette agence de renseignement et d’intelligence.
L’audition du commissaire divisionnaire James Elong Lobe en qualité de témoin de l’accusation reprend le 5 janvier 2026 devant la barre du tribunal militaire de Yaoundé dans l’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio amplitude FM. Mercredi soir, 17 décembre, en suspendant la toute dernière audience de l’année 2025 de ce procès, le président du tribunal militaire de Yaoundé, Baudouin Misse Njone mettait aussi une pause au témoignage de ce commissaire divisionnaire qui pendant près de neuf années a occupé les fonctions de Directeur des opérations à la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) avant d’être promu conseiller technique n°1 dans ce service de renseignement et d’intelligence camerounais.
Note de service
La commissaire divisionnaire James Elong Lobe a éclairé la lanterne du tribunal sur le fonctionnement de la DGRE, à savoir les procédures opérationnelles, les circuits de décision, les règles hiérarchiques et éthiques qui encadrent les missions et les actions de la Direction des Opérations, dont le lieutenant-colonel Justin Danwe est le Directeur au moment de l’assassinat de Martinez Zogo en janvier 2023. Il est titulaire de ce poste depuis 2019. Évolution notable, le 21 novembre 2021, l’ex-Directeur général de la DGRE, le commissaire divisionnaire Léopold Maxime Eko Eko signe une note de service aux implications majeures. Le conseiller technique N°1, James Elong Lobe se voit ainsi confier l’attribution de coordonnateur des activités de la Direction des Opérations. « Je recevais les rapports de M. Danwe de novembre 2021 à février 2023 et je lui transmettais les instructions du Directeur général », explique, au tribunal, le commissaire divisionnaire James Elong Lobe. Une réorganisation du fonctionnement de l’institution qui est loin d’être cosmétique. En fait, il s’agissait de reprendre la main sur la coordination, le contrôle et la traçabilité des activités de la Direction des opérations dans un contexte de malaise entre Léopold Maxime Eko Eko et Justin Danwe. Le premier reprocherait au second des comportements et d’initiatives hors service de ce dernier, jugés incompatibles avec les consignes militaires, la discipline et l’éthique professionnelle exigées au sein de la DGRE. Le commissaire divisionnaire James Elong Lobe est revenu de manière quasi obsessionnelle sur les principes qui encadrent le fonctionnement de la Direction des opérations et obéissant à des règles écrites, traçables, hiérarchisées et contrôlées, conformément aux standards normaux d’une agence de renseignement et d’intelligence. Il fait un développement sur un document de référence, quasiment un bréviaire appelé l’Ordre des Opérations assimilables à l’Ordre de Mission dans l’administration publique. Son contenu précise systématiquement la nature exacte de la mission, les équipes mobilisées, les moyens logistiques engagés, la chaîne hiérarchique de commandement et de compte rendu, la durée et le cadre d’exécution de la mission.
Réquisition de véhicules
Il faut souligner dans le sillage du narratif sur le véhicule impliqué dans l’enlèvement de Martinez Zogo que la réquisition de véhicules appartenant à des personnes privées était strictement interdite, pour des raisons de confidentialité, de sécurité des agents et de protection de l’opération, a insisté le commissaire divisionnaire James Elong Lobe confirmant aussi que la Direction des opérations disposait d’un parc automobile, interne, conséquent et fonctionnel, destiné exclusivement aux missions et actions opérationnelles. Le 5 janvier prochain, les débats vont se poursuivre, le commissaire divisionnaire James Elong Lobe sera attendu sur un témoignage moins technique et procédural. Ce témoin de l’accusation sera sans doute davantage interrogé sur les contours et les couacs de l’opération spécifique qui a conduit à l’enlèvement, à la torture et à l’assassinat du regretté Martinez Zogo. Le témoignage du commissaire divisionnaire James Elong Lobe a été précédé d’un débat animé. La demande de huis clos formulée par Me Claude Assira au nom de l’Etat du Cameroun n’a pas connu une suite favorable. Le tribunal militaire s’est laissé convaincre par la voix de l’accusation portée par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé, Cerlin Belinga qui s’est vivement opposé à un huis clos.





