
Le leader séparatiste et ses coaccusés étaient hier devant la haute juridiction dans le cadre d’un pourvoi introduit après la confirmation de leur condamnation par la Cour d’Appel du Centre.
Il était environ 7h le 18 décembre 2025 lorsqu’un car en provenance de la prison principale de Yaoundé fait son entrée dans l’enceinte de la Cour suprême située en plein cœur du quartier administratif de Yaoundé. Deux véhicules de la gendarmerie, transportant les éléments du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gpign), assuraient l’escorte des 10 leaders sécessionnistes. Ces leaders sécessionnistes se sont présentés devant la Cour suprême hier dans le cadre de leur pourvoi en cassation introduit suite à la confirmation en 2020 de leur condamnation prononcée par le tribunal militaire de Yaoundé. Ayuk Tabe, le leader, était parmi les premiers à descendre du véhicule avec un visage serein. Avant de rejoindre la salle d’audience, il a tenu à saluer certains de ses proches venus le soutenir. Nfor Ngalla Nfo, Wilfried Tassang, Henry Kimeng, Corneluis Njikimbi Kwanga, Fidelis Che ; Che Augustine Awasum et d’autres coaccusés étaient tous devant la Cour suprême. Un collectif de plus de 12 avocats s’est déployé hier devant la Cour suprême.
Me Akere Muna et Me Emmanuel Simh figurent dans ce collectif. La Cour suprême a débuté ce 18 décembre l’examen d’un pourvoi en cassation introduit par les dix accusés condamnés à la perpétuité en 2019 pour sécession et terrorisme par le tribunal militaire de Yaoundé. Ladite peine avait été confirmée en 2020 par la Cour d’appel du centre. Ces leaders sécessionnistes ont été condamnés dans le cadre de la crise anglophone qui sévit depuis 2016 dans les régions du Nord-Ouest et Sud-ouest du Cameroun. L’audience a été renvoyée au 15 janvier 2026. Ces leaders sécessionnistes sont détenus depuis huit. Ils ont été arrêtés en janvier 2018 au Nigeria où ils étaient réfugiés. Hier à l’audience, un membre de la collégialité s’est désisté de l’affaire. Ce membre était parmi les juges qui ont confirmé la décision du tribunal militaire devant la Cour d’appel du Centre. « Ce juge a décidé lui-même de se récuser parce que selon la loi, il ne peut pas statuer sur une même affaire deux fois », explique Me Nicodemus Amungwa, porte-parole du Collectif d’avocats d’Ayuk Tabe. Depuis l’arrestation des leaders sécessionnistes, les avocats n’ont cessé de dénoncer les violations des droits dont leurs clients font l’objet. Ils dénoncent l’incompétence du tribunal militaire à juger les civils et affirment que l’arrestation des leaders sécessionnistes en terre nigériane s’est faite en violation des conventions internationales ratifiées par le Cameroun.
Ayuk Tabe et ses codétenus ont arrêté et extradés au Cameroun alors qu’ils avaient le statut des réfugiés. Cette procédure devant la Cour suprême intervient dans un contexte marqué par les contestations postélectorales au cours desquelles plusieurs leaders politiques ont été interpellés et sont toujours détenus en prison.





