Théodore Tchopa
L’homme âgé dans la cinquantaine, résidant au quartier Bilonguè, aurait été abattu sans sommation par un homme en tenue alors qu’il était sorti de son domicile pour aller acheter de la nourriture.
Le mystère plane sur le meurtre du sieur Achille Simo Fokam, un homme âgé dans la cinquantaine, résidant au quartier Bilonguè, dans le troisième arrondissement de Douala. Son décès des suites de balles est survenu au cours de la matinée du mercredi 28 octobre. D’après l’épouse de la victime, l’homme était sorti de son domicile familial pour aller acheter de la nourriture dans le quartier, dans un contexte où les émeutes faisaient rage dans ce quartier populaire de Douala 3ème et dans nombre d’autres arrondissements de la capitale économique. Des témoignages recueillis indiquent que le quinquagénaire n’était mêlé ni de près ni de loin aux mouvements de protestation qui ont embrasé presque toutes les dix régions du pays suite à une énième proclamation de la victoire de Paul Biya, le « candidat naturel » du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) par le Conseil constitutionnel, à l’issue de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier.
Achille serait donc resté cloîtré à son domicile, loin du théâtre des opérations qui ont débuté depuis le dimanche 26 octobre, la veille de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, après que Issa Tchiroma Bakary, le candidat du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), a appelé les Camerounais à descendre massivement dans les rues pour revendiquer leurs suffrages « volés » et manipulés par le parti au pouvoir avec la complicité d’Elections Cameroon (Elecam), selon l’homme politique camerounais. Des corps emportés par les militaires pour dissimuler les preuves ? Les denrées s’amenuisant et la pénurie se faisant ressentir dans les ménages, en ce quatrième jour des révoltes populaires, Achille n’a pas résisté à l’urgence d’aller chercher des victuailles. C’est donc à quelques encablures de sa maison qu’il aurait été abattu sans sommation par un homme en tenue dont l’identité n’a pas été révélée à date. Achille a été abattu alors qu’il n’était pas sous les feux de l’action et ne constituait aucune menace. Une violation des différents traités internationaux ratifiés par le Cameroun. Son décès a ravivé la colère des habitants de ce quartier, qui se sont affolés depuis belle, Le hic, c’est que la dépouille d’Achille Simo Fokam, le présumé innocent, a été jetée dans un véhicule de militaires et emportée vers une destination inconnue.
Comme celles de nombreuses autres victimes tuées par balles au cours de ces quatre jours de folies meurtrières sur fond de guérilla urbaine. Des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montraient d’autres cadavres jetés dans des pick-ups de la gendarmerie, sans façon ni aucun respect de la pudeur, de la décence et de la dignité humaine. Cet état de choses a jeté le discrédit sur les opérations des forces d’intervention et de répression déployées sur le terrain des hostilités par les autorités de Yaoundé dans le cadre des manifestations post-électorales. Ces éléments sont désormais soupçonnés de dissimulation des preuves de leurs exactions, sans doute de peur que les vrais bilans humains de ces répressions soient connus du grand public et des organisations de défense des droits de l’homme en particulier. Pour le cas d’Achille Simo Fokam, son épouse continue d’exiger que leur soit restitué la dépouille de son mari pour un hommage digne.
