
Le cinquième témoin dans l’affaire de l’assassinat du journaliste a été auditionné hier. Il affirme avoir été contacté par le Lieutenant-colonel Justin Danwe en décembre 2022, avec pour consigne de corriger un homme qui parlait mal de son « patron ».
Ce lundi 22 septembre 2025, c’est la troisième audience consacrée à l’audition des témoins de l’accusation. Il est presque 12h 30 mn lorsque le sous-lieutenant Ngambi Le Grand, est invité à la barre. C’est le cinquième témoin à répondre aux questions du ministère public, des avocats de la partie civile, ceux de la défense et des accusés, dans le cadre de l’assassinat en janvier 2023 de Martinez Zogo. Les 17 accusés parmi lesquels Amougou Belinga, Maxime Eko Eko et Justin Danwe sont présents. Le témoin du jour qui est gendarme assurait les fonctions de chef de poste à la brigade de gendarmerie à la poste centrale à Yaoundé. Agé de 43 ans, ce gendarme est en service à la Division de la coopération au ministère de la Défense. Il est actuellement adjudant-chef. Le témoin a affirmé que c’est en décembre 2022 qu’un des accusés à savoir le lieutenant-colonel Justin Danwe, ancien directeur des Opérations à la Direction générale de la Recherche Extérieure (Dgre), est allé le voir en lui confiant ceci : « Il m’a dit qu’il y a un journaliste qui parle mal de son patron et qu’il fallait lui infliger une correction », affirme le gendarme.
Selon le témoin, il était question pour lui de chercher une équipe de personnes pour exécuter la tâche. « Le colonel Justin Danwe n’étant pas un criminel, j’ai compris qu’infliger une correction renvoyait uniquement à une procédure légale laquelle consiste à l’ouverture d’une enquête, à l’audition du mis en cause, puis à dresser un procès-verbal avant de l’envoyer à qui de droit. Mais lorsque je lui ai demandé si on pouvait ouvrir une enquête, il m’a dit que ce n’était pas nécessaire », affirme le gendarme. Le sous-lieutenant Ngambi affirme que le 17 janvier 2023, il reçoit un message du lieutenant-colonel Danwe lui demandant d’effacer tous leurs échanges sur whatsApp : « Le 18 janvier 2023, je prends connaissance d’un message dans le forum de la gendarmerie lequel mentionnait que Martinez Zogo a été enlevé. Je suis allé faire un compte rendu verbal à mon supérieur hiérarchique », ajoute le témoin du ministère public. Entre décembre 2022 jusqu’au 25 janvier 2023, l’on recense 23 communications entre le lieutenant-colonel Justin Danwe et le sous-lieutenant Ngambi au sujet de Martinez Zogo. Ce chiffre a été donné hier par Léopold Maxime Eko Eko l’un des coaccusés dans cette affaire. L’ancien directeur de la Dgre s’appuyait sur les procès-verbaux d’enquête préliminaire.
Les non-dits ?
Le témoin du ministère public affirme que pendant qu’au moment où il a été approché par le lieutenant-colonel Justin Danwe, il était occupé car dit-il : « je préparais la cérémonie de port de mon galon au grade supérieur et le lieutenant-colonel était passé me remettre une enveloppe de 25 000 Fcfa en me disant qu’il m’offrait un casier de bière pour le port du galon. » Dans les déclarations, le sous-lieutenant ne mentionne pas de quel chef faisait allusion le lieutenant-colonel Justin Danwe lorsqu’il lui demandait de chercher une équipe pour infliger une correction à Martinez Zogo. Il dit n’avoir rien fait au sujet de la demande formulée par le lieutenant-colonel Danwe. Le sous-lieutenant Ngambi Legrand dit ne pas savoir de quel chef le lieutenant-colonel Justin Danwe accusait Martinez Zogo de mal parler de lui. Selon plusieurs avocats, le témoin a maintenu un flou sur la nature de la « correction » qu’il était question d’infliger à Martinez Zogo. Sauf que dans les procès-verbaux de l’enquête préliminaire d’audition devant la Commission mixte police gendarmerie, ses déclarations ont été reprises hier par plusieurs avocats. Le téléphone du sous-lieutenant avait été mis sous scellé depuis son passage devant les membres de la Commission mixte d’enquête police gendarmerie. Le 16 février 2023 lors de l’audition devant les enquêteurs de la commission police-gendarmerie, voilà ce que les avocats déclarent que le sous-lieutenant Ngambi avait déclaré : « Lorsque le colonel Danwe m’a sollicité pour infliger une correction à Martinez Zogo, je me suis demandé s’il avait tous ses sens, car je ne pouvais pas exécuter cette mission ».
6 A la question de savoir si le témoin se reconnait sur ces déclarations, il a répondu qu’il ne se souvenait plus. A plusieurs reprises, c’est la même réponse qu’il donnait lorsqu’on lui rappelait certaines de ces déclarations enregistrées dans le procès-verbal d’audition de l’enquête préliminaire. Il était 17h30 lorsque l’audience a été suspendue hier pour une durée de 30 mn. Martinez Zogo a été enlevé le 17 janvier 2023 et son corps sans vie avait été retrouvé cinq jours plus tard. L’homme qui était le premier à découvrir le corps, ainsi que le chef de village d’Ebogo ont déjà été auditionnés avec deux autres témoins parmi lesquels un médecin légiste et un autre gendarme.