
Des usagers et des entreprises éprouvent de la peine depuis des heures à envoyer des données ou à faire des recherches en ligne. Dans un contexte postélectoral tendu, certains parlent d’une réduction de la bande passante. Mais Camtel évoque une panne technique.
Edwige Ngono a vite quitté son bureau ce jeudi pour la maison. Une résolution difficile à prendre, car elle se tournait les pouces au bureau à ne rien faire. Employée dans une entreprise digitale de la place, la structure n’avait pas accès à internet. C’était également le cas pour Brice Nono. Rencontré dans un taxi non loin de la Poste centrale, il ne cachait pas son malaise. « Comment on va s’en sortir sans internet dans ce pays, dans un monde où le numérique est la clé du développement. Depuis le matin, il n’y a pas de réseau internet. En plus, les appels sont de mauvaise qualité », s’agace-t-il. Sur les réseaux sociaux, l’alerte est montée d’un cran. Certains laissaient entendre que c’est une panne provoquée pour empêcher les internautes de partager les vidéos et images des manifestations postélectorales en cours dans plusieurs villes du pays.
Des experts du numérique invitaient alors les internautes à télécharger un VPN (réseau privé virtuel). Il établit une connexion numérique entre votre ordinateur et un serveur distant appartenant à un fournisseur VPN. Il crée un tunnel point à point qui crypte vos données personnelles, masque votre adresse IP et vous permet de contourner les blocages de sites Web et pare-feu sur Internet. Cela garantit que vos expériences en ligne sont privées, protégées et plus sécurisées, explique Microsoft. « J’ai trois puces. J’ai dû redémarrer mes téléphones et même mon modem avec l’espoir de retrouver le réseau, en vain. Regardez où on en est au 21e dans notre pays, un siècle de la communication pourvoyeur de richesse. On peut aller vers la connexion par satellite. C’est plus pratique. Certains Camerounais disent que le réseau a été manipulé au regard du contexte tendu. Vrai ou faux ? Je n’en sais rien. C’est une grosse perte pour nous », déplore un ingénieur des travaux.
Des soupçons de manipulation
Nous avons joint le service client d’une des sociétés de téléphonie mobile au Cameroun. Nous avons été informés de ce que la fibre optique a eu un problème et que les techniciens sont à pied d’œuvre pour rétablir la situation. Notre interlocuteur au téléphone a conclu en disant : « Nous ne faisons pas la politique ». Il répondait ainsi à la question liée aux soupçons de manipulation du réseau. Un peu plus tard dans la journée, Camtel a publié un communiqué. L’entreprise publique souligne «… qu’un incident technique sur des équipements du câble WACS à Batoke (Limbé), survenu aux premières heures de la journée du 23 octobre 2025, a provoqué des perturbations de la connectivité internet sur l’ensemble du territoire ». Cette sortie a rassuré plus d’un. Mais Rebecca Enonchong, très connue dans le monde du numérique et fondatrice d’AppsTech, n’était pas convaincue. Elle est montée au créneau sur son compte X. Pour elle, c’est le gouvernement qui est derrière cette perturbation du réseau internet : « Le gouvernement a déjà utilisé la coupure internet contre sa population lorsqu’elle a privé le Sud-Ouest et le Nord-Ouest d’internet en 2017 pendant 93 jours. » Dans son communiqué, Camtel a rassuré les internautes des dispositions prises pour rétablir le réseau avec le concours de ses techniciens sur le terrain. La qualité du réseau a connu une légère amélioration jeudi aux environs de 23 heures.





