
Dans une lettre pastorale rendue publique le vendredi 08 août, l’archevêque métropolitain de Douala s’insurge contre l’exclusion définitive des opposants du processus électoral, dénonce le gaspillage des ressources publiques pour organiser des élections dont les résultats sont connus d’avance, et en appelle à la responsabilité individuelle et collective des Camerounais.
L’archevêque métropolitain de Douala rompt le silence à propos de la conduite du processus devant aboutir à l’élection d’un nouveau président de la République au Cameroun, le 12 octobre prochain. Dans une lettre pastorale qu’il a rendue publique le vendredi 08 août, Monseigneur Samuel Kléda est sorti de sa réserve pour s’exprimer sur les irrégularités constatées dans ce processus. Le prélat dénonce notamment l’exclusion des opposants, ainsi qu’une démocratie camerounaise qui, au regard des faits vécus au quotidien, n’obéit à aucun critère universel de la démocratie.
« Cela vient du fait qu’elle est entachée par la violence institutionnelle, les intimidations, l’absence de transparence, de vérité et de justice. Une démocratie qui ne respecte pas le choix du peuple souverain expose le pays à des périls. Il n’est pas moralement acceptable d’organiser des élections dont les résultats sont connus d’avance et décidés par une poignée d’individus. Il est moralement inacceptable que la validation des candidats aux élections soit entourée de suspicion, de controverse et de manipulation politique. »
Du gaspillage inutile
L’archevêque pointe du doigt le gaspillage de l’argent du contribuable pour organiser des simulacres d’élection. Car, comment donc comprendre que des dizaines de milliards de F CFA soient mobilisés pour l’organisation des élections au Cameroun alors qu’à chaque échéance les résultats semblent connus d’avance, au regard des tripatouillages dont le régime Rdpc est coutumier ? « Nous apprenons que le scrutin présidentiel de 2018 a mobilisé 50 milliards de francs CFA et que celui de 2025 nécessite entre 65 et 70 milliards de F CFA. Pourquoi donc tout ce gaspillage lorsqu’on connait déjà le vainqueur ? Autant ne pas organiser les élections pour ne pas appauvrir davantage les Camerounais. » Ces faits qui précèdent amènent Monseigneur Samuel Kléda à la conclusion qu’une « Une démocratie où les acteurs politiques sont méprisés, brutalisés, embastillés, est vouée à l’échec. »
Mal gouvernance, pauvreté galopante
Le contexte électoral actuel n’est qu’un prétexte. Il offre à l’archevêque de Douala à travers cette autre lettre pastorale, une occasion de trop pour attirer une fois de plus l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la situation de décrépitude dans laquelle se trouve le Cameroun depuis quelques années. Le prélat pointe entre autres la corruption et la pauvreté galopante. « La mal gouvernance et la corruption qui gangrènent notre pays s’expliquent par le fait que le citoyen camerounais n’est plus au cœur des préoccupations des dirigeants. L’intérêt général n’est plus pris en considération. Le bien-être de tous est devenu une promesse fallacieuse. L’accent est mis plutôt sur l’individu », affirme le prélat pour qui la majorité des populations est ainsi sacrifiée au profit des considérations claniques ou ethniques. Une population frappée par la paupérisation et la misère, et très souvent poussée vers l’immigration clandestine avec tous ses risques.
Au final, le prélat invite les parties prenantes, les forces vives de la nation à s’engager à « construire ensemble un avenir basé sur la justice, la fraternité, et l’amour ». « Face aux effets de la mal gouvernance et de la corruption, nous interpellons la conscience des gouvernants, celle de leurs partisans directs, indirects, passifs ou actifs, sur tous ces maux qui contribuent à détruire le Cameroun et à hypothéquer l’avenir des millions de personnes, surtout des jeunes. »