Théodore Tchopa
Des incidents en violation du principe de transparence, prescrit par la loi électorale, ont été signalés à Douala et dans d’autres localités comme Tiko et Santchou.
En dépit de la forte pluie qui s’est abattue sur la ville de Douala, aux premières heures de la matinée du dimanche 12 octobre, les bureaux de vote ont ouvert dès huit heures, conformément aux dispositions de la loi électorale. Toutefois, pour cause de ces intempéries, ce n’est qu’aux alentours de 9 heures, que les opérations de vote ont débuté dans certains de ces bureaux, comme au bureau F du centre de vote du lycée technique de Douala-Bassa à Ndogbong. Dans les régions du Littoral et du Sud-Ouest, le processus n’a vraiment pas connu de graves perturbations. Toutefois, quelques incidents ont été signalés dans certaines localités. Dans la capitale économique, Douala, une électrice, rendue à son bureau de vote, a constaté qu’une personne dont elle ignorait l’identité, avait déjà voté en ses lieu et place.
Alors qu’elle s’apprêtait à accomplir son devoir citoyen, elle a constaté, non sans s’en indigner, que son nom était coché. Il n’y a pourtant pas de trace d’encre sur l’auriculaire de sa main droite. Sa plainte et le témoignage de sa bonne foi n’ont pas convaincu les responsables d’Elections Cameroon (Elecam) opérant dans ledit bureau.
Absence de noms sur les listes
D’autres citoyens, bien qu’en possession de leur carte d’électeur ou de leur carte nationale d’identité, ont cherché vainement leur nom sur les listes affichées à l’entrée des bureaux de vote. C’est le cas d’une femme inscrite au centre de vote du lycée bilingue de Mambanda (Douala 4ème). Après avoir effectué le tour des bureaux de vote, son enfant noué au dos, elle a été déçue. « Mon épouse, ma fille et moi sommes dans le même bureau de vote, le bureau M. (…) Je pars de ma maison pour venir voter, mais je ne peux pas voter », fulmine un autre électeur qui assure avoir été inscrit dans le même centre, au même moment que sa femme et sa fille. Pourtant, ces dernières ont pu exercer leur droit. Au lycée bilingue de Nyalla, une personne enrôlée dans le processus du dépouillement des suffrages a été sommée d’invalider une enveloppe contenant deux bulletins de vote d’un même candidat. La supercherie n’a pas abouti grâce à la vigilance des électeurs mobilisés pour surveiller leur vote. Un incident similaire a été signalé au Government English Primary School de Bonamoussadi, où un quidam s’entêtait à remplir 16 procès-verbaux avant même le bouclage des opérations de vote. À ces incidents, il faut ajouter le cas de ces jeunes pris la main dans le sac, alors qu’ils étaient sur le point de procéder au bourrage des urnes avec des bulletins du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, en contrepartie probablement de quelques billets d’argent.
L’ingérence des autorités
Des incidents ont également été signalés au lieu-dit « Tiko péage », une localité de la région du Sud-Ouest, située à une cinquantaine de kilomètres de Douala. « Ici, avec ou sans carte d’électeur ou carte d’identité, on vote en faveur du candidat Biya. Vous venez, on vous amène, vous votez et après on vous donne une bière », dénonce Julius, un électeur de ladite localité, contacté aux environs de 11 heures ce dimanche 12 octobre par radio Balafon. L’ingérence des autorités locales a également été signalée dans certains centres de vote. Une attitude pour le moins suspecte qui dénote une volonté manifeste d’influencer le déroulement du scrutin. Dans certains bureaux de vote, des maires et des sous-préfets essayaient de jouer la police du scrutin, un rôle pourtant dévolu à Elecam. Des sources indiquent qu’à Santchou par exemple, le sous-préfet aurait défié l’autorité de l’organe en charge de l’organisation et la supervision du processus électoral, en ordonnant l’interpellation de deux personnes dans un bureau de vote sans motif avéré.
