Il coule du champagne et du sang

Haman Mana28 octobre 20255min3500
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Je suis choqué par les images de ces vieux messieurs savourant le fruit de leur forfait en sabrant du champagne, pendant que l’essentiel des Camerounais manque en ces jours graves et tristes, de l’eau, pour nettoyer simplement les plaies infligées à la nation par cette véritable Triade tropicale, ce groupe au pouvoir, qui s’y accroche encore et encore, à tout prix, à tous les prix, au prix du sang.

Oui, le sang. Il a coulé et il continue de couler, suite à cette consultation électorale dont il est désormais établi que les résultats ont été notoirement faussés : aucune falsification ne fut assez grossière, ni assez irréaliste, pour obtenir les résultats « corrigés » en faveur de l’éternel gagnant.

Pendant que coule le champagne, coule le sang. Le sang de Camerounais qui, exprimant leur droit reconnu par la Constitution à manifester leur désapprobation, se sont vu répondre par le feu des armes acquises grâce à leurs deniers et confiées à des compatriotes formés et assermentés pour les protéger… Entendons-nous : ceux qui envoient dans les rues des forces de défense et de sécurité pour des missions de maintien de l’ordre avec des armes létales sont des criminels ou alors des incompétents pathologiques : il existe du matériel et des méthodes pour contrer des foules qui protestent à mains nues. En temps de paix, lorsqu’un membre des forces de l’ordre d’ouvrir le feu sur des civils désarmés et ôte la vie à l’un d’eux, il a commis un meurtre… Même en temps de guerre, il se rend coupable de crime de guerre.

J’entends des Camerounais, ayant ingéré un certain discours jusqu’à la toxicité, profaner la mémoire de ces jeunes sortis pour manifester leur juste colère, en insinuant qu’ils n’auraient pas dû être dans la rue… Ce faisant, ils confirment la banalité du « meurtre par balles », devenu l’outil de soumission et de maintien du peuple camerounais en servitude. Cela nous fait penser aux  » six morts piétinés par balles  » à Bamenda en mai 1990. Nous viennent à l’esprit de demi-milliers de morts des « années de braise », puis la centaine de Camerounais massacrés lors des « émeutes de la faim » (Février 2008)… Tout comme les 5000 morts estimés de la  » Crise anglophone  » ne sont pas un détail ! On ne parlera pas des exécutions à la pelle et au faciès suite à la tentative de coup d’État de 1984, elles au moins avaient un vernis légal… On ne mentionnera pas les exécutions ciblées : la dépouille de Martinez Zogo séjourne encore dans une morgue de Yaoundé…

Comme on peut le constater, le soi-disant « mendiant de la paix » mendiait la paix d’une main et trucidait sans états d’âme de l’autre, pour se maintenir au pouvoir.

Les Camerounais ont payé au prix fort, celui du sang versé, n’en déplaise à ceux qui pensent qu’on manque de courage par ici, « Les années Biya « .

On a vu depuis l’autre jour, des images surréalistes de snipers perchés sur des toits, ajustant leurs tirs ; des véhicules blindés sillonner les rues, avec servants de mitrailleuses à cran. Tout ce déploiement de force brutale pourquoi ? Pour écraser un peuple déjà aplati par un demi-siècle d’humiliations, de spoliations, d’incurie, mais aussi de  » vols et viols institutionnels « .

La colère qui sourd au sein de la société camerounaise est lourde. Et ceux qui continuent à l’exaspérer se croient à l’abri, euphoriques, enivrés par les effluves de leurs mensonges. Et de leur champagne. À la fin de leur songe, c’est sans doute avec rudesse qu’ils découvriront la réalité. Pour conclure, il me revient à l’esprit, ce refrain des manifestants des régions anglophones :  » how many people you go Killam » ?*

 

* « Combien de personnes finirez-vous par tuer  » ?

 

 

 

Haman Mana

Author: Haman Mana

Haman Mana Directeur de la publication, est journaliste et éditeur. L'écrit est sa passion. Il prête sa plume aux combats pour les libertés, en particulier celle d'informer. Il a été, au cours des trente-cinq dernières années : reporter à Cameroon Tribune, secrétaire de rédaction à Le Messager de Pius Njawe, directeur de Mutations...Le reportage, l'éditorial et le billet d'humeur sont ses genres de prédilection.

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Haman Mana Directeur de la publication, est journaliste et éditeur. L'écrit est sa passion. Il prête sa plume aux combats pour les libertés, en particulier celle d'informer. Il a été, au cours des trente-cinq dernières années : reporter à Cameroon Tribune, secrétaire de rédaction à Le Messager de Pius Njawe, directeur de Mutations...Le reportage, l'éditorial et le billet d'humeur sont ses genres de prédilection.


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