
La légende du bikutsi Ange Ebogo est décédée à 1heure du matin au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) le jeudi 28 août 2025.
Le quartier Biteng, à Yaoundé s’est réveillé ce jeudi matin dans une atmosphère lourde de chagrin après l’annonce de la disparition d’Ange Ebogo Émérant, icône de la chanson camerounaise et enfant du quartier. Dès les premières heures, la maison familiale s’est transformée en lieu de recueillement. Sous un ciel pourtant clair, les visages fermés et les regards perdus témoignent d’une tristesse profonde. À l’entrée de la concession, aucun cri, aucun sanglot, mais le silence et le visage serré des proches traduisent leur désarroi. Dans la cour et sur la véranda, des chaises disposées à la hâte accueillent voisin, admirateurs et compatissants venus saluer la mémoire du chanteur. « C’est un géant de notre culture qui vient de tomber. Sa voix nous a bercés », lâche, ému, un quinquagénaire du quartier, affirmant avoir grandi au rythme de ses chansons. La véranda, bondée, ne désemplit pas. Certains arrivent, d’autres repartent, le regard chargé de souvenirs. Placée face au balcon menant au salon, une photo de l’artiste dans ses plus beaux jours attire les regards. Certains retiennent difficilement leurs larmes, d’autres laissent libre cours à leur chagrin.
À l’intérieur, l’émotion est palpable. Dans le salon, certains membres de la famille, épuisés, sont assoupis. Tandis que sur un petit matelas, à l’abri d’un rideau et proche d’une armoire où trône une dizaine de ses distinctions dont un prix spécial obtenu au Canal d’Or Acte 11, sa veuve, Mfoumou Angon épse Ebogo Fleurine, vêtue de noir, tente de trouver la force d’affronter l’inimaginable. Les yeux gonflés de larmes, la voix tremblante, elle confie : « Après ce rude combat, il nous a laissés… Mais je me dois d’être forte pour les enfants et moi. Hospitalisé depuis avril 2024, le musicien a lutté contre plusieurs maladies, dont la prostate, une insuffisance rénale et le diabète. Interné au CHU de Yaoundé depuis trois semaines, il est plongé dans un coma profond vendredi dernier. Malgré les soins et son suivi minutieux à l’hôpital, le destin en a décidé autrement et il s’est éteint dans la nuit du 28 août, à 1h du matin. « Depuis avril de l’année passée, nous étions presque installés à l’hôpital. Après le CURY, le médecin nous a orientés vers le CHU », raconte la veuve, visiblement épuisée.
Avec ce décès, le Cameroun perd l’un de ses plus grands ambassadeurs de la chanson. Celui qui rêvait encore de célébrer ses 50 ans de carrière musicale, projet retardé par la pandémie de Covid-19, n’aura pas eu le temps d’offrir ce dernier cadeau à son public. Mais au-delà des larmes, l’image d’Ange Ebogo Émérant restera celle d’un homme humble, généreux et profondément attaché à sa culture. Un artiste dont la voix et les mélodies vont continuer de résonner dans les mémoires collectives.
Hilary Sipouo