
C’est dans le but d’exploiter les deux derniers enregistrements des émissions diffusées le 15 et 16 janvier 2023 au programme « Embouteillages ». C’était quelques heures avant l’enlèvement du présentateur. Cette descente du tribunal se fera le 21 octobre 2025.
L’affaire Martinez Zogo est appelée au rôle de l’audience ce 13 octobre 2025 à 12h30 mn devant le tribunal militaire de Yaoundé. Charly Tchouemou, rédacteur en chef en service à Amplitude Fm est le 10ème témoin du ministère public à se prêter à la traditionnelle séance des questions réponses. Comme d’habitude, c’est le ministère public qui a ouvert l’audition de son témoin. La première question posée portait sur la nature des rapports entre le rédacteur en chef et le défunt Martinez Zogo. Ce journaliste a déclaré qu’il a travaillé depuis plus de 13 ans avec Martinez Zogo : « J’ai eu à collaborer avec lui à la radio Siantou, à Magic Fm et enfin à Amplitude Fm où il a été mon chef de chaîne. Martinez Zogo était le présentateur de l’émission Embouteillages, une émission satirique dans laquelle il dénonçait les maux qui minent notre société » dans le domaine de la politique, en sport, en, culture et en économie. Dans ces dernières émissions il parlait des détournements des deniers publics sur les lignes 94 et 54 », a affirmé le rédacteur en chef de la radio Amplitude Fm.
Le représentant du ministère public a ensuite demandé ce que disait Martinez Zogo dans ses dernières émissions ? Pour répondre à cette question, le témoin du ministère public a affirmé qu’il n’avait pas l’habitude d’écouter Martinez Zogo en direct : « Lorsqu’il était en studio entre 9h30 jusqu’à 12h, je m’occupais de la préparation du journal de 12h. Je l’écoutais en différé », a martelé le rédacteur en chef d’Amplitude Fm. Le ministère public a relancé le témoin en précisant ce que disait Martinez Zogo avant son enlèvement le 17 janvier 2023. Face à cette relance, le témoin du ministère public a proposé qu’il détenait dans sa poche une clé usb contenant les enregistrements sonores des émissions Embouteillages » diffusées le 15 et 16 janvier 2023. Il a indiqué qu’il était prêt à remettre cette clé usb au tribunal afin que l’assistance prenne connaissance du contenu. Alors que le dispositif était en train d’être mis en place pour que cette clé usb soit diffusée dans la salle d’audience, les avocats de la défense ont demandé la parole.
Les audios qui dérangent
Ces avocats ont manifesté leur surprise de voir le tribunal accepter une pièce provenant d’un témoin de l’accusation : « Le témoin de l’accusation dépose sur serment. La loi n’autorise pas au tribunal d’admettre une preuve venant d’un témoin. Le ministère public a déjà rassemblé les preuves qui sont sous scellées. Comment peut-on autoriser qu’un témoin puisse venir au tribunal nous brandir une clé usb ? Cette clé Usb a-t-elle fait l’objet d’une expertise, en quelle qualité doit-on admettre cette preuve ? » s’interrogent les avocats de la défense qui ont sollicité » le rejet de cette pièce.
Les avocats de la partie civile et le ministère public pour leur part ont estimé qu’il était normal que le tribunal puisse écouter la victime qui n’est que Martinez Zogo. Après un échange d’arguments contradictoires pendant plus de deux heures sur la légalité et la recevabilité de cette pièce, le tribunal a décidé de rejeter cette clé usb. Ensuite, le ministère public a repris la parole pour solliciter que le tribunal prenne une mesure pour permettre à ce que cette pièce soit exploitée afin de permettre d’avoir si nécessaire d’autres éléments sur l’assassinat de Martinez Zogo. Les membres de la collégialité ont décidé d’ordonner un transport judiciaire le 21 octobre 2025 dans les locaux d’Amplitude Fm dans le but d’exploiter les bandes sonores diffusées le 15 et 16 janvier 2023 dans l’émission Embouteillages. Les avocats de la défense, de la partie civile, et les autres parties au procès iront suivre ces éléments sonores sur place à Amplitude Fm. L’affaire a été renvoyée au 3 novembre 2025.
Au moment où Martinez Zogo a été enlevé, il indexait certains accusés à l’instar de Jean-Pierre Amougou Belinga Pdg du groupe l’Anecdote. Dans le cadre de l’assassinat du journaliste, 17 accusés sont poursuivis entre autres pour torture, torture en coaction, d’assassinat, de complicité de torture en coaction et de violation de consignes.