Présidentielle 2025 : Des fraudes, pendant et après le scrutin !

ELECAM

 Malgré les dénégations de quelques-uns, les élites Rdpc sont accusées d’avoir financé et favorisé le trucage des votes, dimanche dernier, à travers le bourrage des urnes et la falsification des procès-verbaux.

 

« Tako », de son vrai nom Flaubert Djeukam, professeur de plomberie et économe du CES de Banekouane, est depuis le 12 octobre 2025, l’une des vedettes négatives du processus électoral qui a pris fin. Sur une vidéo prise dans la ville de Bangangté, on le voit, presque pris en otage par une bande de gaillards, qui l’ont attrapé en train de faire le sale boulot. Le décompte des enveloppes retirées de ses poches, contenant le bulletin du candidat du Rdpc, donne 30. Et on le hue. Il devait trouver le moyen de les glisser toutes dans l’urne, dans le bureau où il était commis. Dès 10h ce dimanche, le nom de Kendo Touré a fait le tour de la toile, présenté comme celui qui bourrait les urnes pour le compte du Rdpc à Bazou. A bonne source, cet individu bruyant, hier militant du Mrc, est allé troquer ses convictions du changement contre une nomination comme responsable de l’élection dans cette localité, pour le compte du Front pour le Salut National Camerounais.

 

Mais c’était pour mieux endormir les surveillants du vote et favoriser le bourrage des urnes, suite à un deal dont les termes sont malheureusement dévoilés par des voices qui ont fuité sur les réseaux sociaux. Conséquence, le parti d’Issa Tchiroma s’est retrouvé des fois avec deux représentants dans un même bureau de vote, un autre ayant été commis par la direction nationale du Fsnc. Toujours à Bazou, le président du bureau de vote de l’École catholique Saint-Albert a fui son office, à un moment, après que ses collaborateurs de circonstance ont découvert un bourrage. C’est à la sous-préfecture qu’il a été retrouvé par la suite, son travail ayant été achevé par la représentante de l’administration. Dans la localité de Batié, un censeur de lycée dont les images circulent également, a été dénoncé comme étant le bourreur itinérant commis par un cadre local du parti au pouvoir. Et ce ne sont là que quelques facettes des méthodes utilisées ici et là, pour tenter d’infléchir les résultats de l’élection présidentielle. « Résultats acceptables » Les chiffres présentés par les procès-verbaux de cette élection pourraient bien ne pas être ceux qui sont sortis des bureaux de vote. Révélation : dans la plupart des arrondissements, les présidents de bureaux de vote n’allaient pas remettre directement leurs Pv au bureau d’Elecam, à la fin des opérations. Une « escale technique » leur était systématiquement imposée. Sous prétexte de voir si les Pv avaient été bien remplis, ceux-ci étaient soumis à un contrôle quantitatif : « il était question de voir si le score du président sortant ne fait pas honte. Dans le cas contraire, le Pv était repris. Certains représentants des partis d’opposition ont re-signé sans se rendre compte des modifications », confesse sous anonymat un cadre du Rdpc, aujourd’hui pris par le remords. En journée déjà, les dénonciations de bourrage pleuvaient. Dans les Hauts-Plateaux par exemple, les responsables du parti au pouvoir, nommés comme représentants du candidat Biya, ont reçu comme cahier de charges, de « se battre pour apporter des résultats acceptables ». Et chacun y est allé de son astuce. Soit en corrompant les représentants des autres candidats et en faisant le mauvais boulot avec eux, soit en distrayant les vigilants (y compris le président du bureau) pour enfouir des enveloppes pré-remplies dans l’urne, en usant parfois d’intimidation ou de violence. Presque aucune circonscription n’aurait échappé à cette opération de chirurgie électorale.

Des noms d’élites politico-économiques ont été cités, à travers des dénonciations sur les plateformes numériques, comme étant les ordonnateurs et surtout les financiers de ces opérations, pour lesquelles chaque acteur touchait entre 10 et 100 mille francs. Emmanuel Chatue, Pdg de Canal 2 International et néanmoins sénateur nommé de Bandjoun a fustigé la présence de son nom dans ce répertoire macabre. L’homme d’affaires menace de porter plainte à Paul Chouta, l’influenceur qui a balancé son nom sur les réseaux sociaux. Contentieux Hier matin, mercredi 15 octobre 2025, l’actualité à Bafoussam était dominée par une probable séquestration de la représentante du Fsnc au sein de la commission départementale de décompte des votes de la Mifi. Afin qu’elle signe un procès-verbal litigieux. Aissatou Oumarou Sindze, régionale Ouest de ce parti, dément ces allégations et fait savoir que sa commission, présidée par le président du Tribunal de grande instance, a juste fini les travaux tard dans la nuit de mardi. Puis, elle a été injoignable. Par contre, les nouvelles sont mauvaises hors de la capitale régionale. « Je tiens à vous informer qu’un écart considérable existe entre les résultats sortis des urnes et ceux présentement compilés. Tout indique qu’il y a eu des falsifications massives des procès-verbaux. Alors que le décompte réel des voix plaçait notre candidat largement en tête dans le département, le procès-verbal qu’on nous soumet aujourd’hui mentionne soit une victoire très réduite, soi-même une prétendue victoire du candidat Biya. J’ai vigoureusement protesté au sein de la commission, mais l’on m’a renvoyé au contentieux post-électoral, sachant que ces recours n’aboutissent jamais », s’est plaint hier Salifou Nzangou, le Délégué départemental du Fsnc dans la Menoua. La situation a dégénéré en début de soirée dans la ville de Dschang.

Flore Edimo

Author: Flore Edimo

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