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Divisions : Les manœuvres du parti au pouvoir

Conseil constitutionnel

 Comment Paul Biya a toujours usé de ruse et de la corruption pour opposer les opposants les uns contre les autres, et consolider son long règne.

 

Des militants d’un parti politique dit de « l’opposition », qui exultent à l’annonce du recalage par Elections Cameroon de la candidature d’un autre opposant désireux de briguer la magistrature suprême. Un ancien président d’une autre formation politique, dont il a été exclu et débouté des années auparavant, mais qui, à la veille de la clôture du dépôt de candidatures à une élection aussi capitale et décisive que celle du 12 octobre prochain, sort du maquis pour constituer un doublon de candidature pour le compte dudit parti, juste pour briser le rêve de l’alternance à laquelle aspirent ses concitoyens dans leur large majorité.

 

L’on se croirait dans un film hollywoodien ou sur une autre planète. Pourtant cela se passe au Cameroun, ce pays où l’histoire bégaie à l’infini. Où l’on prend les mêmes et on recommence. Cette formation politique dont les militants ont célébré la déchéance de Maurice Kamto et du Manidem, c’est bien le Parti camerounais pour la reconstruction nationale (Pcrn) de Cabral Libii, l’un des 12 candidats finalement retenus pour concourir au scrutin présidentiel du 12 octobre. Le briseur de rêve de tout un peuple (« l’exhumeur », selon le terme d’Anicet Ekanè), c’est Dieudonné Yebga, qui avait pour seule mission manifeste d’empêcher la candidature de Kamto, puisque la sienne propre a été rejetée. Mais à quel prix a-t-il choisi de se livrer à un rôle aussi sadique qu’indécent, voire impudique ? La réponse est dans la corruption dont le régime Biya a fait une arme de survie. En effet, depuis l’expérience fâcheuse d’octobre 1992, où l’actuel président de la République avait failli perdre son fauteuil, après une élection où Fru Ndi revendiquait sa victoire, Paul Biya a verrouillé le processus électoral. La recette est la même : éviter toute coalition sérieuse et forte en face.

Pour ce faire, le régime entreprend cyniquement de dresser les opposants les uns contre les autres à travers des campagnes de dénigrement comme celles qu’il organise contre Maurice Kamto depuis 2018. Dans son livre intitulé « Le Calice et le glaive », paru en 2011, l’ancien commissaire aux Renseignements généraux, Pierre Ela, raconte l’expérience des années 92. Alors qu’un sondage, mené dans le secret mais relayé par Le Messager, présentait l’Undp comme le parti majoritaire, et donnait ce parti pour vainqueur aux urnes, en cas d’élections libres et transparentes, le régime a actionné les leviers de la division et des manoeuvres souterraines. Elles ont consisté d’abord à opposer les principaux leaders de l’Undp, Bello Bouba et Samuel Eboua, puis à dresser Fru Ndi contre Samuel Eboua. Les conséquences sont connues. Fragilisé, Samuel Eboua abandonnera plus tard l’Undp à Bello Bouba pour créer son propre parti, le Mouvement pour la démocratie et le progrès (Mdp), qui, dans les faits, n’avait pas la force de rassemblement de l’Undp. Depuis cet épisode, le parti au pouvoir se nourrit de la cacophonie au sein de l’opposition, ainsi condamnée à « l’errance stratégique » selon Pierre Ela.

Théodore Tchopa


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